Le Jardin du Canal

...ou comment se lancer dans la permaculture quand on n'y connait pas grand chose...

Pourquoi nous faisons tout ça, alors que pour quelques euros on a la presque même chose ?

Les jeux sont faits. Nous sommes arrivés après la fin du match. La troisième mi-temps ne nous a laissé que des miettes qui, elles aussi, semblent périmées. La question n’est plus de savoir ce que les équipes précédentes n’ont pas fait, mais de savoir ce que nous, les remplaçants, allons faire pour relancer la machine après une période d’égarement. Une fois balayées les questions existentielles du libre-arbitre (qui a toujours raison), les plaisanteries habituelles sur la république (amateurs de bananes s’abstenir) et sur le potentiel social d’une humanité se laissant bercer par les sirènes (hurlantes) de la décadence, il nous fallait agir.
Il parait que « tu ne seras pas jugé sur ce que tu auras pensé, mais uniquement sur ce que tu auras fait », nous disent les prophètes, que la paix soit sur eux, bien entendu. L’heure semblait grave, les livres saints, à force de détours, s’étaient tu depuis longtemps, les éclaireurs du siècle des lumières avaient réussi l’exploit d’obscurcir un avenir qui ne leur appartenait pas, Jean n’était jamais revenu de la Lune et Goldorak avait fuit pour rejoindre Albator, dans une galaxie très, très lointaine. L’heure n’était donc définitivement plus aux constats, mais au contrat social rénové, celui qui implique, qui planifie et qui agit. Ce contrat n’a plus cette portée uniquement philosophique qui faisait sourire les demoiselles de bonne famille lors des déjeuners sur l’herbe tentant  maladroitement de cacher le fait pourtant évident que les empires ne peuvent se construire que sur le pillage et l’exploitation systématique des populations. Le temps des empires est révolu, l’heure est aux solutions simples et efficaces pouvant répondre à une urgence quotidienne. Le but n’est pas de revenir en arrière, mais de se projeter rationnellement vers le futur (sans armes ni portails interdimensionnels), pour lui donner une chance d’exister. Il n’est pas non plus question de changer le monde, des moustachus téméraires s’y sont essayé et n’ont laissé que misère et désolation. Tristes modèles d’ailleurs repris en chœur par les « grandes puissances » de cet échiquier moderne. Mais si la vie est un jeu, il nous faut changer certaines règles pour avoir une chance de continuer à le jouer. C’est le premier objectif de ce jardin, qui sera peut-être le père d’autres projets plus ambitieux, qui sait. Il sera peut-être une force fédératrice pour d’autres « remplaçants » qui ont faim de matches et qui apporteront leur propre créativité à un groupe qui n’est pas une communauté, qui n’a pas de chef ou de subordonnés, mais qui tente simplement de faire, en bonne intelligence, en renonçant aux promesses caduques d’un avenir technique condamné, et en s’inspirant des traces lumineuses laissées par de courageux pionniers au fil des siècles. Nous ne sommes plus très jeunes ni larges d’épaules, mais nous avons des pelles et des pioches. Pour paraphraser un auteur qui a plutôt bien marché, c’est un peu l’aube du premier jour. Nicolas